Le choix de l’abeille noire
Lorsque j’ai débuté l’apiculture, travailler avec l’abeille buckfast apparaissait comme une évidence; tout d’abord du fait de ses nombreuses qualités vantées par la plupart des apiculteurs et des vendeurs : douce, productive, démarrage précoce et d’autre part par manque d’information car il faut bien l’avouer, trouver une autre sous espèce d’abeille relève souvent du parcours du combattant.
L’apiculteur débutant se voit systématiquement proposer l’abeille buckfast et ne connait pas ou très peu les caractéristiques des autres races. Avec le recul, si ces qualificatifs s’avèrent exacts, il faut aussi savoir regarder le revers de la médaille.
L’abeille buckfast est certes douce mais à la faveur d’un essaimage bien difficile à éviter pour le débutant, l’hybridation avec d’autres races la rend souvent agressive. Elle travaille beaucoup mais demande un nourrissement important à l’automne. Son manque de rusticité implique un hivernage plus délicat, et surtout, l’importation massive d’abeilles non indigènes et l’hybridation incontrôlée qui en résulte participe à l’appauvrissement génétique et à la disparition de l’abeille noire locale et de ses caractéristiques.
J’ai donc décidé cette année de faire le choix de l’abeille noire pour les raisons suivantes:
– Sa rusticité facilite son hivernage –
– Elle est prévoyante, stocke ses provisions au dessus du couvain et a donc directement accès aux provisions en cas de période difficile.
– Elle nécessite moins de réserve hivernale et donc moins de nourrissement artificiel
– Contrairement à ce que l’on peut lire souvent, une sélection adaptée la rend particulièrement douce
– Elle constitue une richesse patrimoniale et un maillon de la biodiversité.
– Protéger cette abeille est un devoir envers les générations futures.
Depuis des millénaires l’abeille noire (apis mellifera mellifera) était l’abeille de nos régions. Elle peut encore être sauvée et garder ses qualités intrinsèques si les apiculteurs, et je pense particulièrement aux nombreux amateurs; prennent conscience de l’importance de sauver cette sous-espèce de l’abeille mellifère.

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